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Ouest-France.
Le peintre brestois Ramine a peint diverses bouées.
Dont une bouée siffleuse (la plus à droite).
Il envisage de collecter les sons actuels ou disparus
(contact : 06 64 22 03 66 ou ramine@laposte.net)
Jugés inefficaces, les signaux sonores (sifflets, cloches ou cornes de brume) sont peu à peu retirés. Il n'en reste qu'une dizaine, surtout sur les phares.
Le phare d'Eckmühl, plongé dans la brume, était criant de silence ces derniers jours. Idem autour du goulet de Brest, où certains pleurent un phare du Minou sans voix. Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes, les signaux sonores en mer, c'est fini, ou presque. On parle ici des sifflets ou cloches activés par la houle sur les bouées, ou des cornes de brumes plus puissantes, disposées sur les phares.
Ces signaux étaient encore au nombre de 48 en Finistère en 2001. Valbelle dans le chenal du Four, la gamelle à Audierne, la bouée de Brigneau... Toutes se sont peu à peu éteintes du paysage sonore côtier.
Normal, répond Nicolas Auger, responsable de la subdivision des phares et balises à Brest : « Depuis 1984, l'Association internationale de signalisation maritime (AISM) fait des recommandations pour limiter l'usage des signaux sonores aux ouvrages qui font obstacle à la navigation comme les ponts ou les plateformes pétrolières. » Pour le reste, cloches et autres cornes sont à reléguer au musée. L'AISM ne fait que des recommandations non contraignantes, mais le monde maritime semble s'accorder à considérer que ces aides à la navigation datant du XIXe siècle sont peu fiables et dépassées par les sondeurs et systèmes de positionnement par satellite.
Préservé sur les pharesen mer
Impossible de se positionner dans la brume par rapport à un bruit dont on ne peut estimer ni la portée (variable en fonction du vent) ni la direction. Sans compter qu'on ne les entend pas toujours dans une cabine de navire à moteur. Pire, brume ou pas brume, les jours sans houle, les bouées restent silencieuses !
« La France a attendu », estime Nicolas Auger. La recommandation n'a été faite aux Phares et balises qu'en 2001. À partir de cette date, les bouées devaient être peu à peu remplacées. Les nouvelles, plus légères (5 tonnes au lieu de 13) ne pilonnaient plus assez la mer pour activer les signaux sonores. L'occasion de se débarrasser de ceux-ci.
Il n'en reste plus qu'une dizaine. Sur les grosses bouées de la chaussée de Sein et du rail d'Ouessant. Sur la basse Luronne, entre Molène et Lanildut. Les phares en mer bénéficient d'une faveur. « Pour l'instant, on a considéré qu'il fallait tous les garder. » L'Ile Vierge, le Four, la Jument, Kéréon, les Pierres Noires et la Vieille sonnent donc dans la brume. Sur les phares à terre, seuls le Créac'h à Ouessant et Kermorvan au Conquet sont encore sonorisés. Eckmühl a été déconnecté il y a six mois pour des travaux d'entretien et sera sans doute tenu au silence.
« On se rend bien compte que les gens sont attachés », admet Nicolas Auger. Le paysage sonore change lui aussi. D'ailleurs, le peintre Ramine prévoit des enregistrements pour sauver ce patrimoine original et déjà presqu'éteint.
Sébastien PANOU