Nikos et Maria, et leur fils Raphaël, se sont installés à Ouessant il y a trois mois pour fuir la crise Grecque. "Le pays est à la dérive", explique le couple qui souhaite refaire sa vie sur cette île. Une terre insulaire que Nikos Vlandis connaissait bien. Cet écrivain grec avait écrit un roman dont l'intrigue se déroule sur l'île bretonne.
1 décembre 2011:
Nikos, Maria et leur fils Raphaël se sont installés à Ouessant il y a trois mois pour fuir la crise grecque. «Le pays est à la dérive», explique le couple qui n'entend pas quitter cette terre insulaire où il a choisi de refaire sa vie. [Vidéo]
Nikos et Maria Vlandis ont tout vendu il y a quelques mois. «Nous avions une maison d'édition à Athènes. Le secteur culturel étant sinistré, les ventes de livres ont chuté brutalement. On ne pouvait plus faire face. Les librairies traînaient des pieds pour nous payer ou nous demandaient des délais de paiement inouïs», explique la jeune femme dans un français parfait. Une langue apprise pendant six ans sur les bancs de La Sorbonne.
Le 20 août, Maria, Nikos et Raphaël, leur garçon de 4 ans, ont débarqué à Ouessant. Avec deux valises à la main. «On a tout vendu pour refaire notre vie. Notre entreprise, nos meubles et même notre moto. Et on a cédé à des bibliothèques publiques les 2.000 livres qu'on possédait», poursuit Nikos qui, lui aussi, maîtrise parfaitement bien le français.
«La vie est très dure à Athènes»
Pourquoi Ouessant ? Parce qu'il y a plusieurs années de cela, après avoir enseigné l'urbanisme à l'université d'Athènes, Nikos avait publié un roman «L'Ile des écrivains». L'histoire se déroulait sur l'île grecque de Samothrace et à Ouessant. «Quelque part, en m'installant ici, je voulais que cette fiction devienne réalité», poursuit Nikos, en plaquant la mèche rebelle qui lui barre souvent le front. Autre point important, le couple avait entendu parler du festival du livre insulaire. «On s'est dit qu'on trouverait facilement des contacts ici». Ils ne se sont pas trompés.
À Athènes, la vie n'était plus possible. «Le pays dévisse complètement. Les gens n'ont plus de travail. Ceux qui en ont encore, craignent de ne pas voir la couleur de leur paye. On a des amis journalistes qui ne touchent plus rien depuis des mois. La vie est très dure», tient à préciser Maria. «Un tiers des magasins sont fermés. L'ambiance est vraiment très tendue. La ville est aux mains des militaires. Ils sont à tous les coins de rue. Et puis, depuis quelques jours, trois ministres d'extrême droite siègent au nouveau gouvernement. Nous avons peur pour la démocratie».
Une petite maison à l'est de l'île
En prenant le bateau pour Ouessant, Nikos et Maria ont atteint leur but. Prendre de la distance, même s'ils restent connectés aux médias de leur pays via internet. «Ici, la vie est bien plus facile. Pas besoin de beaucoup d'argent pour vivre. Les tentations sont rares. À Athènes, on courait les bars, les restos et les cinés quand on voulait se distraire. Ici, on part pour un pique-nique au bord de la mer. Avec la crise, on a changé de valeurs». Le couple habite dans une petite maison, proche de la tour qui surplombe les falaises du Stiff, à l'est de l'île. «Le plus difficile a été de trouver un toit et une voiture. Pendant un mois de demi, on s'est déplacé à pied et à vélo. Ici, les gens sont sympas. Ils ne sont pas compliqués. Le rythme est beaucoup moins soutenu qu'à Athènes. On respire». Dans la cuisine, le petit Raphaël, aux cheveux blonds comme les blés, récite les quelques mots de français qu'il connaît: canard, cochon, poule... «Il va à l'école maintenant, précise Maria. Uniquement le matin. Je l'accompagne pour traduire ce que dit sa maîtresse. Bientôt, il se débrouillera tout seul».
Nikos, lui, poursuit l'écriture. «Je viens de finir un roman policierqui a pour toile de fond la crise grecque. Je recherche un éditeur. Je propose aussi mes services comme traducteur français-grec. S'il le faut, aussi, je postulerai pour un travail saisonnier. Car nous voulons rester ici».
- Didier Déniel